[ligue] Les chroniques de Mornea : prologue (31/03-19/04)

ela faisait quelques jours maintenant qu’Alarig errait dans les méandres de ce labyrinthe tellurique. L'air était humide et vicié par la moisissure et le souffre. L'obscurité omniprésente était à peine percée par la lumière dansante de sa torche. Tout ceci ajouté aux bruits qui se répercutaient sans cesse contre les parois n'aidait pas les battements de son cœur à adopter un rythme plus tranquille.
Quelle folle idée avait-il eu encore ? Simplement poussé par la perspective de trouver quelques reliques ou artefacts antiques, il avait suivit les dires d'un vieux moine avalonien à moitié fou et il était maintenant quasiment perdu dans les entrailles des Montagnes du Matin.
Il s'arrêta quelques instants afin de se reposer et tenter de calmer son palpitant. Il jeta un œil dans son gros sac de cuir : ses vivres commençaient à diminuer de façon critique et sans nul doute il lui faudrait bientôt choisir de revenir sur ses pas. Encore quelques heures et il prendrait le chemin du retour vers Kastel Kaisealta.
Quel intérêt y avait-il à mettre sa vie en danger pour un trésor dont l’existence ne tenait qu’à la réalité avinée d’un religieux dément ?

Alors qu'il se releva, l'attention d'Alarig fut attirée par un renfoncement dans la roche. Il n'y aurait certainement pas prêté plus d'attention si les ombres portées par sa torche ne semblaient dessiner comme des motifs sur la paroi. En s'approchant il remarqua que la roche était creusée, taillée plutôt, de manière très propre et continue. Il tira de sa poche un petit carnet fait de petites feuilles de parchemins, qui commençaient à moisir elles aussi. Il s'approcha un peu plus des motifs dans le but de les dessiner, et finalement il s’aperçut que le renfoncement devenait plus qu'une niche. Celle-ci devenait un boyau s'enfonçant véritablement dans la roche sur sa droite. Il tendit la torche dans le passage mais il n’en distingua pas les limites.
Il prit quelques minutes pour reprendre son souffle. Son cœur battait plus vite, quelques minutes auparavant d'inquiétude mais à présent d'excitation. Peut-être que le vieux fou ne l'était pas tout à fait. Sa chance ne l'avait pas peut-être pas abandonné après tout. Il aurait pu passer à côté de ce passage bien caché sans même en deviner l'existence !
Alarig rangea son carnet et s'engagea dans le boyau très humide et plus étroit, torche en avant.

Alors qu'il progressait prudemment il distingua quelques petites veines de pierre alchimique qui affleuraient sur les parois irrégulières. Il en avait déjà vu mais pas de ce type. Celles-ci irradiaient une petite lueur rouge au passage de la flamme de sa torche et lorsqu'il s'en approchait, Alarig avait l'impression que l'air devenait plus chaud.
Le long passage qu'il empruntait était maintenant parcouru par de petits filets d'eau qui rendaient délicate sa progression et plus d'une fois il faillit glisser sur la roche glissante. Sa progression était particulièrement longue et il s’enfonçait de plus en plus dans les profondeurs. Il lui sembla passer des heures à suivre ce tortueux chemin qui s'enfonçait encore plus profondément dans les entrailles de Mornea.
Finalement le boyau rocheux finit par déboucher sur un petit espace plus grand. Il découvrit là une grande porte de métal, légèrement iridescente sur laquelle il distinguait une série d'inscriptions incompréhensibles.
Il avait enfin trouvé quelque chose !

Il s'approcha lentement, puis tendit la main, tremblante, vers la porte. Il posa ses doigts sur celle-ci. Il en émanait une sorte de petite vibration et une douce chaleur. Il la poussa et elle s'ouvrit lentement sur une petite pièce dont l'air était plus sec que dans le reste des galeries qu'il arpentait maintenant depuis trois jours. A la lumière de sa torche il découvrit de nombreuses étagères croulant sur ce qu'il aurait dit être des livres, un pupitre en pierre et des feuilles en pagaille...
Poussé par la curiosité il fit quelques pas vers les rayonnages. Un volume attira son attention. Plus imposant, il se sentait attirer vers cet ouvrage. Il tira le livre de son sarcophage de poussière : il était particulièrement lourd. Il s’approcha du pupitre et y déposa délicatement sa trouvaille. Il entreprit alors de le feuilleter mais il faillit se couper les doigts : le livre était composé de fines feuilles de métal.

Il ouvrit précautionneusement le livre à la première page et au milieu d’une nouvelle série de symboles, une phrase sembla se détacher en lettres carmin, îlot compréhensible perdu dans un océan de caractères indéchiffrables :

«De l'éveil de l'Errance, s'ouvrira la voie vers l'Ombre»

Il prit quelques minutes de réflexion, qui furent interrompues par une sorte de ronflement ou grognement qui semblait provenir de quelque part dans la pièce.
Alarig, jugea bon de ne pas s’éterniser. Il fourra le livre dans son sac et reprit la direction du corridor de pierre. Le chemin du retour lui sembla bien plus court qu’à l’aller. Ses pas étaient sûrs, légers, portés par l’excitation de la formidable découverte qu’il venait de faire.

• Premier cycle: Les informateurs